Comment régler le problème de l’apport personnel quand l’acquéreur vise, dès la première installation, une affaire importante, à partir de 1.5 million d’euros ? Réponses de David Roussel, du Cabinet ESPACE. 

« Peut-on espérer aujourd’hui acheter une pharmacie de taille conséquente sans avoir les 20% d’apport requis en général par les banques ?
Aujourd’hui, les acquéreurs se focalisent en grande partie sur les pharmacies ayant un CA compris entre 1.5 et 2.5 millions d’euros. À l’inverse, acheter une pharmacie de petite taille, à bon prix et espérer la revendre pour reprendre plus gros, est un modèle de moins en moins utilisé en raison de la trop forte incertitude pesant sur la capacité de revente de l’officine modeste. Les « petites » pharmacies (inférieures à 1 million d’euros de CA) ne sont plus les cibles privilégiées et la tendance ne devrait pas changer.

Mais alors, comment faire pour devenir titulaire d’une officine de 1.5 million d’euros et plus lorsque l’on a le diplôme de pharmacie, la motivation mais pas l’apport ? Est-on destiné à rester assistant toute sa carrière ?

Une des premières pistes peut-être de miser sur la mobilité. L’exemple de notre client qui reprend une officine de 1.5 million d’euros (vendue 1 million d’euros) classée dans une Zone de Redynamisation Rurale (ZRR) à 200 km de sa région est à suivre. Il réalise l’achat du fonds de commerce plus les murs de la pharmacie et de la maison de 200m2 avec un apport de 20 000€.
Les trois banques sollicitées ont donné leur accord. L’exonération d’impôt sur les sociétés pendant les 5 premières années compense l’absence d’apport dans le prévisionnel d’exploitation.

Une autre piste consiste à racheter des parts d’une société d’exercice libéral à responsabilité limitée (SELARL), portant un endettement important.
Nouvelle démonstration par l’exemple : l’assistante d’une pharmacie réalisant 2 millions d’euros de CA nous contacte, car son titulaire lui a proposé de lui vendre ses parts. Cette dernière n’ayant pas d’apport lui dit dans un premier temps qu’elle ne peut donner suite, mais après réflexion décide de s’adresser au cabinet de transaction pour essayer de trouver une solution : bonne idée !
La SELARL, à la suite des opérations de refinancement de compte courant et de la réalisation de travaux, était fortement endettée, ce qui a entraîné une valeur des parts assez faible. Accompagnée par un pharmacien investisseur que nous lui avons présenté, et après une bonne négociation du prix des parts, elle a pu détenir 51% des parts via une SPFPL. Les acquéreurs se sont substitués au vendeur en matière de caution et d’assurance auprès des banques et ont créé une holding qui détient la quasi-totalité des parts, avec une charge de prêt très faible.

Donc oui, il est possible aujourd’hui de faire l’acquisition d’une officine de belle taille sans l’apport adéquat, mais cela reste des opérations bien ciblées et il faut savoir s’entourer de bons conseils pour trouver les bonnes opportunités. »